Cette progression interpelle les analystes financiers qui observent une croissance soutenue de l’épargne solidaire malgré un contexte économique incertain, se demandant si cette tendance révèle une transformation profonde des comportements d’épargne français.
La révélation économique va vous surprendre : la finance solidaire atteint 29,4 milliards d’euros d’encours en 2024, avec une collecte nette de 2 milliards d’euros, confirmant l’émergence d’une épargne citoyenne qui concilie rentabilité et impact social selon le baromètre Fair-La Croix.
Cette performance révèle une mutation de l’épargne française où préoccupations environnementales, impact social et recherche de sens transforment les choix d’investissement traditionnel en véritable vote citoyen par l’argent.
Croissance remarquable malgré les défis économiques
L’épargne solidaire affiche une progression de 7% en 2024, atteignant 29,4 milliards d’euros d’encours global selon Patrick Sapy, directeur général du collectif Fair qui fédère les acteurs de la finance solidaire française.
Cette collecte nette de près de 2 milliards d’euros démontre la résilience de ce secteur face aux incertitudes économiques, les épargnants privilégiant des placements alignés avec leurs valeurs malgré les turbulences financières.
L’argent collecté finance des projets à impact social ou environnemental positif : lutte contre l’exclusion, promotion des énergies renouvelables, habitat social écologique, circuits courts alimentaires, confirmant l’utilité sociale de cette épargne.
Consolidation d’un marché en mutation
Cette année 2024 constitue une « année de consolidation du marché » selon Patrick Sapy, la finance solidaire imprimant durablement sa marque dans le paysage français de l’épargne avec une représentation de 0,46% de l’épargne financière totale.
Bien que cette proportion reste modeste, la progression constante témoigne d’un changement générationnel et culturel profond vers une épargne plus consciente et responsable.
L’épargne bancaire solidaire tire la croissance
L’épargne bancaire solidaire enregistre la plus forte progression avec +8% d’augmentation, atteignant 11,9 milliards d’euros d’encours à fin 2024, portée par la diversification de l’offre de produits solidaires.
Cette catégorie englobe les livrets bancaires solidaires traditionnels, les fonds d’investissement FCP et Sicav solidaires, ainsi que les unités de compte solidaires intégrées dans les contrats d’assurance vie moderne.
Les livrets solidaires ont mieux résisté à la concurrence des livrets d’épargne réglementée qu’en 2023, tandis que la hausse des taux sur certains livrets et dépôts à terme solidaires a stimulé l’attractivité du secteur.
L’assurance vie solidaire double sa collecte
L’assurance vie solidaire représente une success story remarquable avec un doublement de sa collecte en cinq ans, atteignant 4,3 milliards d’euros d’encours selon les données consolidées Fair.
Cette performance s’explique par l’obligation réglementaire depuis 2022 imposant aux assureurs de proposer trois supports durables : un fonds ISR, un fonds vert labellisé Greenfin ou un fonds solidaire.
L’actionnariat solidaire en forte progression
L’investissement direct dans les entreprises solidaires affiche une croissance remarquable de +10% sur un an, atteignant 1,2 milliard d’euros d’encours, confirmant l’appétit des épargnants pour les placements à impact direct.
Des acteurs emblématiques comme Terre de Liens, Habitat & Humanisme ou France Active Investissement bénéficient de cette confiance accrue, leur notoriété réduisant la perception de risque des investisseurs particuliers.
Cette catégorie permet aux épargnants de financer directement des projets concrets : préservation de terres agricoles, logement social, insertion professionnelle, créant un lien tangible entre épargne et impact territorial.
Succès des entreprises à mission
L’engouement pour l’actionnariat solidaire reflète l’attractivité croissante des entreprises à mission et des structures de l’économie sociale et solidaire offrant des modèles économiques alternatifs.
Ces investissements directs permettent aux épargnants de devenir parties prenantes de projets transformateurs, dépassant la simple recherche de rendement pour participer activement à l’innovation sociale.
L’épargne salariale solidaire reste leader
L’épargne salariale solidaire continue de générer la part la plus importante avec 16,3 milliards d’euros d’encours, malgré une progression plus modérée de +6% comparée aux autres canaux de collecte.
Cette épargne concerne désormais près de 10% des épargnants salariaux grâce à une réglementation de plus en plus favorable et une spécialisation accrue de l’offre avec des équipes de gestion dédiées.
Le succès de ce canal s’explique par l’intégration systématique de fonds solidaires dans les plans d’épargne entreprise (PEE) et d’épargne retraite (PER), facilitant l’accès à l’épargne solidaire pour les salariés.
Professionnalisation de l’accompagnement
La progression de l’épargne salariale solidaire bénéficie d’une professionnalisation croissante avec des équipes spécialisées développant une expertise spécifique dans l’accompagnement des entreprises et salariés.
Cette spécialisation améliore la qualité du conseil et l’adaptation des solutions aux besoins spécifiques des différents secteurs d’activité et tailles d’entreprise.
Défis de démocratisation persistants
Malgré ces performances encourageantes, Patrick Sapy regrette la stagnation du nombre d’épargnants solidaires à 2 millions, alors que le potentiel pourrait atteindre 20 millions selon les études comportementales.
Cette limitation s’explique principalement par un déficit de notoriété : 70% des épargnants se considèrent mal informés sur l’existence et le fonctionnement de l’épargne solidaire selon l’étude Fair-France Active.
Les Français restent insuffisamment informés sur les finalités, les produits proposés et les acteurs gestionnaires de cette épargne alternative, freinant son développement malgré l’intérêt croissant pour les enjeux sociaux.
Enjeu de communication et pédagogie
Pour Patrick Sapy, l’enjeu consiste à « mettre en avant les valeurs véhiculées par l’épargne solidaire » tout en « martelant que c’est une finance porteuse de solutions » offrant « un vrai rendement » aux épargnants.
Cette double nécessité de communication sur les valeurs et la performance financière illustre la complexité de positioning d’une épargne qui réconcilie impact et rentabilité.
Potentiel d’investissement solidaire
Selon l’étude Fair-France Active, 20% des Français souhaitent une épargne à finalité solidaire combinant rentabilité financière et contribution à des projets sociaux et écologiques, révélant un potentiel considérable non exploité.
Cette demande latente indique que l’offre actuelle ne répond qu’partiellement aux attentes des épargnants, suggérant des opportunités de développement importantes pour les acteurs du secteur.
Les incertitudes économiques, paradoxalement, renforcent l’attrait pour une épargne « utile » permettant de donner du sens aux placements au-delà de la simple recherche de rentabilité financière.
Évolution réglementaire favorable
L’environnement réglementaire évolue favorablement avec des obligations croissantes d’intégration de critères ESG dans les produits d’épargne, facilitant l’accès à l’épargne solidaire pour le grand public.
Cette dynamique réglementaire européenne et française devrait mécaniquement augmenter l’exposition des épargnants aux produits solidaires, accélérant potentiellement la démocratisation du secteur.
Perspectives de développement
L’année 2025 s’annonce cruciale pour confirmer cette dynamique positive, avec des enjeux climatiques et sociaux qui renforcent l’attractivité d’une épargne alignée avec les préoccupations citoyennes contemporaines.
L’émergence d’une génération d’épargnants plus sensible aux questions environnementales et sociales constitue un facteur structurel favorable au développement de la finance solidaire française.
La digitalisation de l’offre et l’amélioration de l’information disponible devraient faciliter l’accès et la compréhension de ces produits par un public plus large, levant progressivement les barrières actuelles.
Innovation dans l’accompagnement
Le développement d’outils pédagogiques numériques et d’accompagnement personnalisé pourrait transformer l’expérience épargnant, rendant l’épargne solidaire aussi accessible que l’épargne traditionnelle.
L’innovation dans les services associés (reporting d’impact, mesure de performance sociale) renforce l’attractivité en rendant tangible la contribution des épargnants aux transformations sociétales.
La progression de la finance solidaire à 29,4 milliards d’euros révèle l’émergence d’une épargne citoyenne qui transforme les choix financiers en votes pour l’économie sociale, confirmant une mutation profonde des comportements d’investissement français.
Cette performance illustre la possibilité de concilier rentabilité financière et impact social positif, démontrant que l’épargne peut devenir un levier puissant de transformation économique et environnementale.
Plus qu’une simple tendance, cette croissance soutenue incarne l’avènement d’une finance qui réconcilie performance et utilité sociale, ouvrant la voie à une économie plus durable et inclusive portée par l’épargne citoyenne.
