Morts au travail : l’hécatombe chez les jeunes touche même les mineurs

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Lorenzo Menardi, 15 ans. Une vie fauchée par un engin de chantier dans les Alpes-Maritimes. Cet apprenti maçon rejoint la liste macabre des mineurs morts au travail en France – une hécatombe silencieuse qui s’accélère dangereusement.

Depuis le printemps 2025, les accidents mortels s’enchaînent avec une régularité glaçante : un lycéen de 17 ans écrasé sous une poutre de 500 kilos en Saône-et-Loire, un élève de seconde tué par une palette à Saint-Lô, un stagiaire de 16 ans percuté par un engin agricole dans le Maine-et-Loire.

Ces tragédies ne sont pas des « faits divers » isolés. Elles révèlent un système qui sacrifie consciemment nos enfants sur l’autel de la productivité. Car derrière chaque mort se cache une réalité terrifiante : la France envoie massivement des mineurs dans des environnements mortels, sans protection réelle.

Des chiffres qui accusent un système défaillant

Les statistiques officielles dessinent un paysage d’horreur. En 2023, 33 jeunes de moins de 25 ans sont morts au travail en France. Les mineurs représentent 40,1 accidents pour million d’heures rémunérées, contre 20,4 pour l’ensemble des salariés – soit un risque doublé par leur jeune âge.

Cette surexposition mortelle frappe particulièrement les apprentis, qui constituent la moitié des salariés de moins de 20 ans. BTP, industrie, agriculture : les secteurs les plus dangereux aspirent ces jeunes vies avec une voracité implacable. Plus de la moitié des victimes avaient moins d’un an d’ancienneté – preuve que l’inexpérience tue littéralement.

L’apprentissage précoce, machine à broyer la jeunesse

Depuis 2009, les gouvernements successifs organisent méthodiquement la mise au travail des mineurs. Contrats dès 16 ans, stages obligatoires, apprentissage massifié : tout converge vers l’envoi précoce des enfants des classes populaires dans les « métiers en tension » – comprendre les plus dangereux et mal payés.

Le rapport 2024 de l’inspection du travail en Pays de la Loire révèle l’ampleur du désastre : plus d’un tiers des entreprises violent la durée du travail, 43% ne respectent pas l’hygiène et sécurité, un tiers présente un suivi médical défaillant. 15% des cas affichent une absence totale de surveillance médicale.

Des protections légales qui restent lettre morte

La réglementation censée protéger les mineurs ressemble à un écran de fumée. Interdiction du travail de nuit, limitation à 35 heures hebdomadaires, repos quotidien de 12 heures : ces règles fondent comme neige au soleil face aux dérogations systématiques accordées aux entreprises.

Le système de dérogations transforme l’exception en règle générale. Un employeur peut déclarer à l’inspection du travail qu’il déroge aux interdictions – déclaration renouvelable tous les 3 ans. Dans les faits, cette procédure administrative valide l’exposition des mineurs aux risques mortels sous couvert de « formation professionnelle ».

Quand un mineur meurt, l’inspection peut « suspendre le contrat » et « interdire le recrutement de nouveaux mineurs ». Autrement dit : on ferme l’écurie après que les chevaux se sont enfuis. Cette justice posthume insulte la mémoire des victimes.

Macron, fossoyeur de l’enfance ouvrière

Emmanuel Macron pousse cette logique mortifère à son paroxysme en évoquant l’envoi en alternance de jeunes de 12-13 ans. Cette école taillée pour l’entreprise élimine les plus fragiles du circuit éducatif pour les transformer en chair à patron corvéable.

Elisabeth Borne résumait cyniquement cette philosophie néolibérale : mettre les enfants des classes populaires au travail dès le plus jeune âge, avant qu’ils n’aient eu le temps de se former, d’acquérir des connaissances et de l’esprit critique. Il faut de la main-d’œuvre docile et bon marché pour les secteurs en tension.

Cette hécatombe organisée constitue un scandale d’État qui ne dit pas son nom. Chaque mort de mineur au travail signe l’échec d’une société qui préfère sacrifier ses enfants plutôt que d’améliorer les conditions de travail et de rémunération.

La France détient le record européen des morts au travail avec 3,5 décès pour 100 000 salariés, contre 1,7 en moyenne européenne. Nos mineurs paient le prix fort de cette violence systémique. Il est temps d’arrêter ce massacre et de remettre l’école au centre de la jeunesse, pas l’usine.

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